Anne Vessière, styliste et cofondatrice de World of Pop répond aujourd’hui aux questions du W.O.P mag'.
W.O.P Mag : Anne, on va s’intéresser aujourd’hui à ton parcours en tant que styliste et aux raisons qui t’ont poussée avec Guillaume, Laetitia et Eloïse à créer World of Pop.W.M : Tout d’abord, comment est née ta passion pour la mode?
A.V : C'est une passion de longue date, un métier que j’ai toujours voulu faire. D’aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé les vêtements, la mode, les couleurs.... Quand j’étais petite fille, j’étais très coquette, j’aimais m’habiller. En 3e au collège, j’ai eu la chance de faire un stage dans les ateliers Saint-Laurent, une expérience formidable évidemment, qui n’a fait que confirmer mon envie de devenir styliste.
W.M : Quel a été ton parcours après cela ?
A.V : Après mon bac j’ai intégré une école de mode, ESMOD à Paris. J’ai choisi la filière styliste-modéliste, car je pars du principe qu’on ne peut pas tout à fait dessiner un vêtement si on ne sait pas comment le fabriquer. En dernière année, on choisit une spécialité. Je me suis orientée vers la mode enfant. Lors du jury de dernière année, durant lequel j’ai été « Aiguille d’or », j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs professionnels de la mode enfant, comme l’ancienne patronne de la marque Lili Gaufrette ou Gina Diwan. Deux personnes pour lesquelles j’ai travaillé juste après avoir obtenu mon diplôme.
Ensuite, je me suis installée comme styliste indépendante, et j’ai travaillé en tant que freelance sur de nombreux projets de mode enfant... certains assez marrants comme pour la marque Barbie ou la création de la marque Cœur grenadine de Laurent Voulzy ! Dans le cadre de mes missions, je suis aussi partie à New Delhi en Inde.
Ensuite ma situation personnelle m’a poussé à prendre un poste à Lyon. Et c’est ainsi que j’ai intégré le groupe Zannier en Novembre 2010, en tant que styliste pour Paul Smith Junior. Je suis restée dans ce groupe pendant 11 ans, j’ai eu plusieurs postes sur plusieurs marques du groupe comme Junior Gaultier, Kenzo Kids où je suis devenue responsable style prêt-à-porter, accessoires et chaussures.
W.M : Qu’est ce qui te plaît le plus dans ton métier de styliste?
A.V : Je pense que le « Saint Graal » d'une styliste, c'est de voir l'aboutissement de ce qu'on a dessiné. C'est quelque chose qui m'a marqué énormément au tout début. De voir ce qu'on avait dans la tête, se réaliser et devenir réel. Mais c’est la définition même du métier de styliste : à l’origine, le styliste est là pour donner vie aux tissus.
Aujourd’hui le métier a beaucoup évolué, ce n’est plus seulement ça. Il faut avoir une vision à 360° pour être sûr que le vêtement que l’on dessine plaise, se vende et soit rentable pour l’entreprise. Le styliste s’allie au graphiste pour donner de l’impact visuel au vêtement, il travaille avec les achats et le développement produit, mais aussi avec le marketing et le commercial pour l’approche business. C’est devenu finalement un métier très riche, ce qui me plait beaucoup.
W.M : Pourquoi tu as décidé de te lancer avec Guillaume, Laetitia et Eloïse dans l’aventure W.O.P ?
A.V : J’étais un peu nostalgique de mon statut d’indépendante ! Je voulais retrouver une expérience de « petite entreprise » où l’on rencontre toujours pleins de gens et où il y a moins de barrières, où l’on peut toucher à tout.
Mais au delà de ça, je voulais surtout créer un projet en lien avec mes valeurs et les préoccupations d’aujourd’hui. On a voulu faire une marque respectueuse de l’environnement, qui produit plus proprement, dans des usines plus proches, et dont le prix est juste pour les clients mais aussi pour les producteurs. Un projet qui favorise aussi les relations humaines, dans la façon de développer le produit mais aussi dans la façon de communiquer.
W.M : Dans la mode ou ailleurs, quels sont tes modèles ou sources d'inspiration?
A.V : Les créateurs des années 80, comme Gaultier ou Mugler... leur folie, leur liberté, leur façon de créer est très inspirante.
Aujourd’hui, je regarde beaucoup ce que fait Alessandro Michele chez Gucci. Pour moi, c’est vraiment LE créateur du moment. J’aime son approche colorée, urbaine et toujours très « mode ».
De part mon parcours professionnel, j’ai également beaucoup regardé Kenzo Takada, qui m’a inspiré pour son approche unique de la couleur et des coupes.
W.M : Et pour World of Pop? D'où vient l’inspiration?
A.V : De mon univers personnel entre autres. J’aime le mélange : le style urbain, ethnique, les couleurs pop. Et effectivement, W.O.P est très coloré, il y a un côté multiculturel et à la fois très « street » avec des coupes loose, des t-shirts, des sweats... Ce que j’aime se retrouve dans mes créations mais j’ai aussi des inspirations venues d’ailleurs, des défilés, des magazines, des expositions ...
W.M : As-tu une signature en tant que styliste ?
A.V : Oui ce côté urbain, coloré, ethnique dont je parlais, ça me ressemble. Mes vêtements sont faciles à porter aussi, mais toujours un peu graphiques dans la forme. Je pense notamment à une robe que nous lancerons pour l’été 2023, qui est une robe chemise très facile, mais avec des épaules carrées structurées qui lui donne un style 90’s.
W.P : Est-ce que les années 90, c'est quelque chose qui t'inspire?
A.V : Oui bien sûr. J’aime le style loose, oversize, propre à cette époque, et les formes plus structurées aussi. J’étais enfant dans les années 90, c’est resté....
W.P : Est-ce que tu as un conseil mode pour W.O.P ? Comment porter la marque ?A.V : Déjà, W.O.P c’est une marque qui va à tout le monde, on s'adapte à toutes les morphologies. En effet, nos vêtements sont toujours un peu loose, ils sont pensés pour être confortables et s'adapter à tous les corps.
Le bon look W.O.P, c’est un mélange des genres, c’est à la fois sophistiqué ET casual. Par exemple, c’est porter un t-shirt ou un sweatshirt, mais avec une jupe élégante. En bref, on aime « twister » les silhouettes, mélanger les styles.