C’est au tour de Laetitia, cofondatrice de World Of Pop et responsable de collection et marketing, de répondre aujourd’hui aux questions du W.O.P Mag.
W.O.P Mag : Est-ce la passion pour la mode qui t’a amenée là où tu en es aujourd’hui ?
Laetitia Orlandi : En effet, j'ai une passion pour la mode, qui m’est venue quand j'étais enfant… je dessinais beaucoup, des chapeaux notamment. Je voulais devenir modiste.
Vers 14 - 15 ans, j’ai voulu faire un stage chez Jean-Paul Gaultier. J’aimais sa grande liberté, son côté festif, très créatif. Il a une vision optimiste du monde, tout en portant des messages affirmés. Je trouvais super intéressant d'arriver à faire passer des messages très forts via le vêtement.
En grandissant, finalement, je me suis rendue compte que je n’étais pas une créative au sens premier du terme. Mais j’avais très envie de travailler dans un univers créatif.
Par mes expériences professionnelles, m'est venu ensuite une autre passion, celle des marques. J’aime les marques qui racontent des histoires, qui ont de vraies identités, qui portent un message.
WM : Je crois savoir que plus tard tu as réalisé ton rêve d’adolescente en travaillant pour Gaultier ?
LO : Oui, c'est vrai, je l'ai rencontré en travaillant pour la marque « Junior Gaultier ». La boucle est bouclée !
WM : Raconte-nous ton parcours jusqu’à « Junior Gaultier ».
LO : Je savais que je voulais travailler dans la mode, mais je ne voulais ni être styliste ni graphiste.
J'ai eu la possibilité d’étudier à Sciences-Po Lyon, ce qui m'a permis de rester très généraliste. J'ai ensuite intégré l'Université de la Mode pour me spécialiser. J’ai fait mes premiers stages à Paris dans une agence de communication spécialisée dans la mode, l’agence Wolkoff & Arnodin, qui travaillait par exemple pour Saint-Laurent. Et puis j'ai rejoint une société de conseil, Martine Leherpeur Conseil, dont les clients étaient de grandes maisons de mode. J’y suis restée 12 ans. C’était passionnant, j'ai travaillé sur des problématiques de positionnement de marque, d'identité de marque mais j’intervenais aussi sur les structures de collection, sur le produit… Et j'ai eu la chance d’avoir des clients différents. Chantal Thomass ou le groupe Chantelle pour la lingerie. La mode enfant. J'ai travaillé aussi pour des maisons de couture, comme Christian Lacroix ou des marques de sport comme le Coq Sportif.
Enfin, je me suis occupée du déploiement de marques françaises en Asie, en Chine en particulier.
Après cette longue expérience de conseil, j’ai voulu intégrer une marque, travailler les projets du début jusqu’à la fin. Et c’est comme ça, que j’ai été embauchée par le groupe Zannier, pour devenir Directrice de collection de « Junior Gaultier » puis « Kenzo Kids ». Je suis restée 7 ans.
WM : Comment définirais-tu ton métier aujourd’hui chez W.O.P ?
LO : J’ai de multiples casquettes aujourd’hui, celle de chef d’entreprise pour commencer. En plus de cela, je fais du marketing au sens très large. C'est à dire que j'ai une casquette marketing produit. Dans ce cas je vais travailler les structures de collection, les briefs pour les créatifs, les objectifs de marges, la stratégie prix de la marque... Et j'ai également, une casquette marketing – communication. Pour cela, je vais travailler avec Pauline sur le discours de marque, la ligne éditoriale, jusqu'à la production de contenus et son déploiement.
Je travaille aussi beaucoup sur les points de vente.
Laetitia porte le sweatshirt gris chiné W.O.P
WM : Est ce qu'il y a quelque chose qui t'anime particulièrement dans tout cela ?
LO : Ce qui me plait particulièrement, c’est la collaboration avec des personnes aux profils différents, que ce soit des créatifs ou des commerciaux. On est en dans une co-construction permanente parce que dans le cadre d’une création de marque, on a vraiment besoin des autres et de la synergie des talents pour réaliser quelque chose de complet et pertinent.
WM : Pourquoi avoir décidé de créer ta propre marque ?
LO : L'opportunité s'est présentée… en fait, ce sont surtout des rencontres humaines qui m’ont permis de me lancer. Il y a eu un moment idéal, où j’avais le temps et les gens autour de moi pour porter cette aventure entrepreneuriale. Parce que je ne crois pas au fait de faire toute seule.
WM : Quels ont été pour toi, vos plus grandes difficultés et vos plus grands succès ?
LO : Ce qui est le plus difficile, c'est qu'en plus de nos missions initiales, il faut ajouter les missions financières, comptables, juridiques. Le sujet aujourd'hui, c'est que nous ne sommes plus seulement responsable commercial ou responsable marketing, nous sommes chefs d'entreprise. C'est un changement d’état d’esprit, de vision. C'est une difficulté relative certes, mais en tout cas, elle nous sort de notre zone de confort.
En ce qui concerne nos plus grands succès, je dirais que ce qui me touche le plus, c’est la rapidité à laquelle les choses ont avancé. Cette idée qu’il y a encore un an, la marque n’était encore qu’un projet...
Je tire aussi une grande fierté de la mobilisation autour de nous. Parce que W.O.P ce n’est pas que les fondateurs, c'est aussi Pauline, Camille, Marie… Quand on a commencé à parler de ce projet, de nombreuses personnes ont eu envie de venir travailler avec nous, et ça c’est super.
WM : Est-ce que tu peux me dire de manière synthétique comment on crée une collection ?
LO : De mon point de vue, on commence par regarder ce qui se passe sur le marché en étudiant la concurrence. On regarde également les attentes de nos clients, ce qu’ils recherchent, que ce soit nos clients finaux ou nos clients distributeurs, patrons de boutique. À partir de ces études, je peux commencer à construire une structure de collection en définissant le nombre de produits qu'il faut avoir, leurs spécificités. J’étudie enfin le prix idéal, qui nous permettra d’être rentable et de proposer de la mode éco-responsable « accessible ».
Ces analyses permettent d’élaborer un brief que nous donnons aux créatifs (style et graphisme) pour leur permettre de dessiner la collection.
WM : Est-ce qu'il y a des produits incontournables dans la mode actuellement ? Des choses à mettre dans la structure de collection justement ?
LO : Je dirais déjà que le fond des garde-robes, que ce soit pour l’adulte ou l’enfant, est plus urbain, plus sport. Ça se traduit par l’omniprésence du sweatshirt et du molleton en général. L’approche sport est très importante, elle se complète ensuite par des produits plus sophistiqués.
Dans les accessoires du moment, qu’on retrouve dans les vestiaires de l’adulte mais aussi de l’enfant, c’est la banane !
On remarque aussi d’une manière générale que les tendances sont quasiment identiques entre les générations : les parents s'habillent comme leurs enfants et les enfants s'habillent comme leurs parents. C’est peut-être lié à la démocratisation du télétravail et aux codes plus cool dans les entreprises : les parents n’ont plus besoin de sortir le costume cravate tous les jours.
WM : Et alors ma dernière question, comment définirais-tu World Of Pop ?
LO : Moi je dirais que c'est plus qu'une marque de mode, c'est un état d'esprit. C'est un univers très positif, optimiste, coloré, fun et qui justement, peut plaire aux grands comme aux petits. Et quand on dit les grands, peu importe l'âge en fait. W.O.P c’est intergénérationnel, on habille tout le monde, de 2 à 77 ans !
La grande différence de World Of Pop, c'est d'appréhender la mode d'un point de vue éthique tout en étant très coloré, fun mais aussi populaire dans le sens accessible, pour tous.
Il y a également le fait que nos vêtements soient unisexes, ce qui est dans l'air du temps et qui est intéressant à développer sur l’adulte et l’enfant.
Et puis ce que je répète sur la marque, c'est qu’il y a un style World Of Pop. Urbain mais aussi très créatif, assumé. On aime ou on n'aime pas les imprimés, mais en tout cas on les reconnaît, tout comme on aime ou on n’aime pas la planète, mais elle nous définit et nous différencie.